Salonen dirige la soirée Balanchine/Teshigawara/Bausch, Opéra Garnier, 31/10/17

Stravinsky, Agon.
Chorégraphie : George Balanchine, réglée par Paul Boos 

Salonen, Concerto pour violon / Grand Miroir (création)
Chorégraphie : Saburo Teshigawara. Collaboration artistique : Rihoko Sato

Stravinsky, Le Sacre du Printemps
Chorégraphie : Pina Bausch. Scénographie et lumières : Rolf Borzik
Les étoiles, les premiers danseurs et le Corps de ballet de l’Opéra national de Paris
Akiko Suwanai, violon (Concerto pour violon de Salonen)
Orchestre de l’Opéra national de Paris
Esa-Pekka Salonen, direction

Le Roi des étoiles


Mythe dans le mythe rituel, le Sacre du printemps de Pina Bausch était remonté une seconde fois depuis la disparition de la chorégraphe allemande, seulement deux ans après la dernière. Ligeti et Boulez sont remplacés par les modernités fort éloignées du classicisme radical de Stravinsky/Balanchine et du (post)-post-modernisme assumé de Salonen/Teshigawara. Mais le véritable événement est bien sûr la présence à la baguette, pour les premières soirées, de Salonen lui-même.

Les retours de Salonen dans la fosse de l’Opéra de Paris, dix ans après son Tristan,  et un an après son Barbe-Bleue, ne sont jamais de petits événements. On le sait, Paris attire (certaines des) grandes voix et (certains des) grands noms de la direction scénique. Elle aime en débattre, comme elle adore s’étriper sur les mérites comparés des directions générales de l’institution. Et quand parle-t-on baguette ? Peu, pas assez. Surtout - mais c’est l’œuf et la poule - parce qu’on n’en voit guère que de seconds couteaux, pour l’opéra, comme, ce qui est certes plus ordinaire, pour le ballet. Pourtant, le seul fait de remonter le Sacre de Pina Bausch, ballet des ballets, devrait justifier systématiquement le recours à l’un des cinq chefs dont l’aura dans cette partition est la plus forte. Ce devrait être comme diriger Parsifal à Bayreuth ou Don Giovanni à Salzburg. Le fait que le Sacre, davantage qu’un monument opératique, mène depuis sa création une vie autonome au concert, autant sinon plus riche que celle au ballet, renforce encore cette logique. L’enjeu considérable de cette série était bien la rencontre de deux institutions interprétatives : le Sacre de Bausch ; le Sacre de Salonen (comme, certes avant de devenir cultes, ceux de Béjart et Boulez s’étaient rencontrés à Salzbourg). L’Opéra de Paris a voulu faire coup double en recrutant Salonen à Garnier pour cette série et  à Bastille pour la reprise du De la maison des morts de Chéreau. Abondance de luxe ne nuit pas, surtout quand il est si rare d’applaudir un chef de cette stature à l’opéra, mais le conflit de calendrier a contraint à composer : Salonen ne dirigeait que les cinq premières des quatorze représentations, laissant la place à Benjamin Schwartz pour les suivantes et enchaînant avec Janáček. Pour ce qui était mon troisième Sacre d’EPS (après Londres 2011 et Paris 2013), j’assistais à la dernière de ces cinq soirées.
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